4.11.08

Le Clézio ou Tartempion ?


Paru chez Gallimard Jeunesse (Folio Junior) / illustration de Georges Lemoine

Tout le monde sait qui est JMG Le Clézio, qu'il vient d'obtenir le prix Nobel de Littérature. Plutôt que de vous parler des lectures qui m'ont marqué, je vais évoquer deux anecdotes sur l'homme. D'aucuns me diront : on s'en fiche de l'homme, ce qui compte c'est l'auteur. Certes.
Voici quelques années de cela, j'assistais à la première d'une pièce adaptée de Pawana, de Le Clézio. A l'issue de la représentation, les spectateurs privilégiés traînaillaient dans le dédale de l'Espace Cardin, trinquant avec Machin, papotant avec Bidule en gardant un oeil avide sur Truc, la vedette de télévision, ou sursautant quand les flashes crépitaient pour Chose, l'égérie de Tartempion.
Le coeur et l'esprit plus chamboulés par les mots de Le Clézio que par le champagne servi à flots, je me fraie un chemin pour saluer ce grand monsieur (par la taille et le talent). Simplement lui serrer la main. Lui broyer la dextre, comme dit parfois Obaldia.
Dans les salons de l'Espace Cardin, c'est à qui pourra s'incruster au dîner royal, s'asseoir à la table de Pierre Cardin ou de Tartempion. Pour m'amuser, j'irai d'ailleurs faire tinter ma flûte avec celle de Truc.
A la surprise générale, JMG Le Clézio accepte un verre de jus de fruits et décline l'invitation à dîner. Il part sur la pointe des pieds. Les mondanités, ça n'est pas pour lui.

Deuxième anecdote :
Un jour, mon amie Hélène me raconte... c'était chez Mollat, la librairie bordelaise. JMG Le Clézio y signait un de ses ouvrages. Il y avait foule. A l'issue de la rencontre, beaucoup de lecteurs et de journalistes souhaitent approcher l'écrivain. Mais il est occupé à bavarder avec une enfant. Autour de Le Clézio et de cette enfant, plus rien n'existe. Ils sont en grande conversation. Perplexe, un journaliste les prend en photo. Hélène roule des yeux comme des soucoupes. Cette enfant, c'est sa fille Anna. La suite de l'histoire : une correspondance au long cours entre l'enfant devenue jeune femme et l'auteur nobélisé. Anna couve secrètement son courrier et ne s'en est jamais ouverte à personne. Seule sa mère, fière comme une papesse, narre l'anecdote à un ami de-ci, de-là.

p.s. Merci à Petitbonbon qui m'a donné envie d'écrire ce billet. Au 1er novembre de son blog, elle raconte sa rencontre avec Le Clézio, une rencontre qui a, dit-elle, bouleversé sa vie. Suis également très touché par les mots de Saint-Loup que je connais par un beau hasard grâce à Le Clezio, Frida & Diego.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Je me pose juste ici le temps d'un instant, le temps d'écrire ces quelques mots...
Merci infiniment, Laurent !!! Car même si j'aime beaucoup l'auteur, le magicien des mots, l'homme me fascine et m'émeut encore plus... et j'aime par-dessus tout lire ce genre de récit à son sujet ! Quel chouette cadeau que voilà !
Merci encore...

Un P'tit Bonbon toute contente ! :-)

St Loup a dit…

Formidable ton histoire. Comme d'habitude. Et il faut que tu passes par mon blog. Ça vous concerne, toi et Le Clézio.
:)

St Loup a dit…

Peut-être ton balon rouge n'est-il jamais arrivé en Chine. Cependant tes mots toujours très gentils ont traversé l'océan...
http://www.fotolog.com/saintloup/37316286

;)

Delphine a dit…

Je comprends tout à fait c que ressent Anna. Pour ma part, Yves SIMON est Ce qu'est LE CLEZIO pour Anna... Que d'émotions dans les mots, que de rêves... Que de moments à jamais inoubliables. Bises de ta copine de primaire de Prigonrieux...

Anonyme a dit…

On ne s'en fiche pas de l'homme, loin de là ! L'artiste est pour moi indissociable de l'homme ou la femme qu'il/elle est.
J'avais écrit une note là-dessus.
http://whatamistilldoinghere.hautetfort.com/archive/2008/04/10/l-artiste-a-t-il-tous-les-droits-en-tant-que-citoyen.html
Il s'agissait là d'acteurs, mais c'est vrai pour tous les artistes.

ohlebeaujour a dit…

@toutlemonde

je ne réponds pas souvent aux commentaires, on m'a dit que ça n'était pas très poli
vous croyez qu"on" a raison?

je peux dire bonjour, coucou, hé! content de te lire, bisous
ton commentaire est pertinent
ou alors diluer mon propos en me paraphrasant sans cesse

je peux très bien laisser les gens se répondre entre eux, non? quand et s'il y a débat...

et puis, y a toujours l'adresse e-mail quelque part dans la colonne de droite, mais comme je vous devine habités par la paresse, la revoilà:
oh_le_beau_jour@hotmail.com

tout ça pour dire que ça n'est pas parce que je ne réponds pas aux commentaires que je suis indifférent. Au contraire!

vous pensez que si je copie-colle ce message à chaque billet, ça sonnera moins sincère???