20.1.07

le trèfle à cinq feuilles


Quand le gris s'installe sournoisement,
je prends au hasard mes deux volumes des Chroniques d'Alexandre Vialatte et plonge avec délectation dans les mots qui ont su et savent encore évoquer l'époque et son homme - avec malice, cocasserie, élégance et désespoir.
Aujourd'hui, j'ouvre un de mes précieux herbiers, le catalogue de l'exposition à la Maison Européenne de la Photographie de l'oeuvre de François-Marie Banier.
Un artiste à la mesure de son sujet, les gens connus et inconnus, dont il capte un secret, l'ombre ou la lumière, l'âme.
A la page Beckett : un trèfle à quatre feuilles.
Samuel à qui j'ai emprunté le titre de ce blog est assis sur ce banc et sur mon trèfle.
J'ai distribué à mes proches ces porte-bonheurs que j'ai cueillis
dans mon jardin secret, envahi par les orties,
où d'ailleurs aujourd'hui ne poussent plus qu'orties.
Seule Mado détient le mouton à cinq pattes, le trèfle à cinq feuilles.
Je referme François-Marie Banier et vous invite à (re)découvrir son oeuvre,
à lui que je rencontrerai peut-être un jour, je tendrai la main et lui dirai "merci",
aux amis, ma famille de coeur,
je distribue ces fétiches
pour que la vie leur soit clémente.
" La vie vous est-elle clémente? " m'avait demandé René de Obaldia, cousin germain de Beckett, Tardieu, Vialatte, Cami.
C'était un soir d'hiver, il était environ vingt heures, vous reveniez d'un vernissage au Louvre,
j'allais accueillir les clients noctures de l'hôtel Régina,
nous nous étions croisés par hasard, oui, par hasard, j'allais... moyen,
Votre phrase tendre m'avait redonné du baume au coeur.
Cher maître, avant ou après votre récréation au bout du Pont des Arts,
buvons un verre,
et cette fois, c'est moi qui vous invite.


A propos de son dernier ouvrage, François-Marie Banier écrit:
"Hommes et femmes solitaires,
vous formez mon vrai album de famille.

Vieux, étranges, rejetés, peut-être,
mais vous avez la flamme!
Je n'éprouve que tendresse pour vous
qui me donnez accès à la vérité.
Vérité de votre état, vérité de votre recherche, vérité du temps,
impitoyable, à qui je tords le poignet en rendant éternel, par la photo,
votre pied-de-nez aux conventions"

1 commentaire:

Anonyme a dit…

c'est a la fois sensible, touchant, plein d humour. ça m a redonné un peu de moral que je n avais plus aujourd'hui, et à la fois envie de revenir à paris, ville pleine d histoires, de vies. Ici c est ce qu il y a un peu de deprimant. je crois qu une periode de deux ans a santiago du chili doit marquer le debut d une phase de spleen et de saudades.

merci de m avoir fait connaitre un peu de ton beau jour aujourd'hui. je repasserai te relire.

jean paul, scl.