Je repasse en regardant distraitement la télé. Je me souviens du temps où j’ai usé la planche des autres. Du temps où je tirais le diable par la queue, j’ai publié une annonce dans Têtu et j’ai rencontré Patrick. Cher lecteur, je suis navré de décevoir ton esprit grivois mais il ne s’est rien passé entre mon employeur et moi. Je n’étais pas nu sous mon petit tablier de soubrette, je portais le jean du travailleur. J’ai repassé ses chemises, ses draps, j’ai briqué son appartement, j’ai astiqué son parquet, passé l’aspirateur, nettoyé les plinthes, les tapis, épousseté les étagères. J’arrondissais mes fins de mois. Je n’étais pas encore traducteur littéraire, j’étais comédien et metteur en scène à mes heures "perdues".
Patrick avait un chauffeur. J’étais son homme de ménage.
L’homme de ménage a organisé une soirée dans un théâtre parisien, en présence d’un auteur prestigieux et d’une centaine d’autres spectateurs. Il a invité son employeur.
"Vois-tu, ai-je dit à son ami, j'ai repassé la chemise qu'il porte ce soir. Tu remarqueras qu'il n'y a pas un faux pli. "
illustration: fer à charbon ouvert, photo de Vincent de Groot
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