La prochaine fois, j'apporte mes boules Quiès.

Pour qui travaille quasiment sept jours sur sept chez soi, il n'est d'heure plus voluptueuse que celle passée dehors. Mes pas foulent une chaussée décorée de confettis (le carnaval est passé par là sans que je n'y prenne garde). Au programme, une soirée solitaire dans une brasserie avec pour compagnons un roman, une bière et les silhouettes filantes des passants.
Cher lecteur, je te mets au défi de trouver un bar où la musique ne meuble pas le silence (ou pour être plus exact, le bruit de fond de gens affairés mêlé aux rires des noceurs, à des éclats de voix çà et là). Rien n'effraie tant l'homme que le silence, le vide. Ô surprise, ô joie! La brasserie dont les lumières m'ont attiré comme un papillon de nuit n'est pas branchée sur Chérie Fm. Je vais lire, siroter ma bière, picorer mes olives. Tranquillement. Les écrans géants diffusent les images d'un match de football, sans le son. Ouf!
Hélas, je n'ai pas lu deux pages qu'un serveur allume le poste de radio qui braille du Manu Chao en concert (je l'imagine bondissant de part et d'autre de la scène, quelque part en Amérique du Sud). Non, décidément, ça ne colle pas avec Aden Arabie de Paul Nizan que je m'efforce de déchiffrer à défaut d'apprécier. Alors je referme le bouquin et sors mon carnet-blog pour t'écrire.
La prochaine fois, j'apporte mes boules Quiès.


Un homme me dépasse, le regard braqué sur l'écran de télévision, il s'exclame:
- Trois - zéro?!? Déjà?
Stoïque, sa femme plisse les yeux et réplique:
- Mais non, zéro partout.
La mari "philosophe":
- Oh, s'ils veulent...